Ça fait mal
En Suisse, le trouble physique le plus répandu est le mal de dos. C’est ce que montre le «Sanitas Health Forecast 2023». Les résultats du dernier sondage annuel sur la santé de demain sont formels: nous n’avons pas suffisamment d’énergie, ne bougeons pas assez et avons peur de perdre la vue en vieillissant.
Les douleurs varient même selon les régions: à la montagne, la population se plaint plus souvent de maux de tête qu’en plaine, Berne détient le record de migraines, les habitants du canton de Zurich souffrent davantage de douleurs psychiques que dans les autres régions de Suisse. C’est ce que révèle la cartographie de la douleur qui vient compléter les résultats de l’étude du dernier numéro du «Sanitas Health Forecast».
Et pour la grande majorité des personnes interrogées, le surmenage physique est la cause la plus fréquente des douleurs. Pour les calmer, une personne sur deux prend systématiquement des médicaments. Et lorsque cela ne suffit pas, elle finit par faire appel à un professionnel de la santé. D’ailleurs, ce sont les habitant-es du Tessin qui consultent le plus rapidement. Bien que, toutes régions confondues, les médecins restent le premier point de contact des personnes souffrant de douleurs (59%), la fréquentation des cabinets d’ostéopathie ne cesse d’augmenter, notamment en Suisse romande (15%).
Le travail, première source d’épuisement
Les souffrances physiques et psychologiques usent notre énergie. Plus d’un tiers de la population suisse a l’impression d’avoir moins d’énergie aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Une personne sur sept se sent régulièrement ou presque constamment épuisée. Et parmi les jeunes, cela concerne plus d’une personne sur cinq. 58% des personnes interrogées pensent que c’est la vie professionnelle qui est avant tout à l’origine de cet épuisement. Les relations sociales (30%) et le manque de patience (24%) viennent compléter le podium. D’autres facteurs ont également des répercussions négatives sur notre niveau d’énergie et provoquent une grande faiblesse: l’influence du numérique est grande, car il nous prend beaucoup de temps (50%) et nous stresse en nous rendant constamment joignables (43%).
Notre vitalité en pâtit. Nous aspirons à une «transition énergétique», car nous voyons dans l’énergie non seulement une source de motivation, mais aussi un élixir pour une vie heureuse et en bonne santé. 75% des personnes interrogées aimeraient gagner en vitalité. Pour plus de deux tiers des Suisses, l’énergie est la clé du bonheur. D’une part, parce que nous estimons que notre énergie vitale a un effet positif sur notre organisme et qu’elle nous permet d’être en forme (64%) et endurant-es (58%). D’autre part, parce qu’elle déclenche des émotions positives qui se traduisent à leur tour par un optimisme (71%), un humour (65%) et une confiance en soi (64%) accrus. Comment faisons-nous le plein d’énergie? Six personnes sur dix ne jurent que par l’activité physique pour y parvenir.
Manque d’activité physique: moins de deux heures par jour
C’est justement au niveau de l’activité physique que la Suisse est mauvaise élève. La majorité des Suisses fait aujourd’hui autant ou moins d’exercice qu’il y a dix ans (65%). Seulement 35% des personnes interrogées en font davantage. Nous connaissons pourtant les bienfaits de l’activité physique: neuf personnes sur dix pensent pouvoir optimiser leur activité physique pour être en meilleure santé et renforcer leur bien-être. La majorité souhaite faire de l’exercice plus consciemment (42%), plus longtemps (38%) et plus souvent (35%). Et la plupart des gens savent pour quelles parties du corps ils veulent renforcer leur mobilité: le dos est ici clairement en tête (59%).
Toutefois, le niveau d’activité physique actuel n’évoluera pas rapidement: près de la moitié des personnes interrogées dans le cadre de l’étude «Sanitas Health Forecast 2023» pensent que nous ferons encore moins d’exercice à l’avenir. Seuls 18% sont persuadées du contraire. Aujourd’hui déjà, la majorité de la population bouge moins de deux heures par jour, soit par manque de temps (51%), soit parce qu’elle n’en a pas envie (34%). Mais ici aussi, deux tiers des sondés pensent que le numérique a un impact négatif sur l’activité physique et la santé. Et dénoncent les aspects de ces technologies censées nous faciliter la vie, comme les achats en ligne (57%) ou les visioconférences (51%).
«Déformation digitale»: le numérique entraîne des troubles de la vue
L’omniprésence du numérique dans notre vie a également des répercussions sur nos sens. 71% des personnes interrogées pensent qu’il affecte la vue, 37% l’audition. Seuls 13% des Suisses sont d’avis que le numérique a aussi un effet positif sur nos sens.
Cette situation est préoccupante. Car 84% des sondés considèrent la vue comme étant le sens le plus important. Seule une minorité place l’ouïe (8%) ou l’odorat (2%) en première position. Et alors que 61% des Suisses souhaitent avoir une meilleure vue, 58% craignent simultanément qu’elle diminue avec l’âge.
Lorsqu’il s’agit de nos sens, nous aspirons à quelque chose de plus concret. 33% des personnes interrogées souhaitent plus de proximité et de contacts physiques, qui ont manifestement un effet bénéfique sur nous et notre santé: 66% de la population est persuadée qu’ils contribuent à guérir des maladies et à accélérer la guérison. La réalité est tout autre: en Suisse, six personnes sur dix ont moins de contacts physiques qu’il y a trois ans. Seulement 11% déclarent en avoir davantage qu’auparavant. La majorité des personnes suppose que la peur des maladies transmissibles (58%) et une plus grande prise de conscience de l’hygiène (49%) à la suite de la pandémie expliquent cette évolution. Les perspectives qui se dessinent confirment cette tendance: 58% des personnes interrogées pensent que nous aurons encore moins de contacts physiques à l’avenir.