Dossier: Décisions

«J’ai donné un rein à ma compagne»

Donner un organe à sa partenaire? Une décision difficile à laquelle Robin Freimann, 26 ans, a été confronté et qu’il assume à 100%

Texte: Katharina Rilling; photos: Marco Rosasco

«J’ai donné un rein à ma compagne pendant la pandémie. Nous sommes un jeune couple ni– de la même famille, ni mariés. Malgré sa maladie, sa vie n’était pas en danger grâce aux dialyses. La décision du don d’organe n’a pourtant pas été difficile. Je voyais à quel point elle allait mal, et tout ce à quoi elle devait renoncer. Elle devait se rendre trois fois par semaine au centre de dialyse pendant quatre heures et ne pouvait plus travailler à plein temps. Je n’ai pas hésité: il fallait le faire!

Mais une fois la décision prise, sa mise en œuvre est une autre affaire. L’année qui a précédé l’opération a été difficile, avec des hauts et des bas. Plusieurs fois, je me suis surpris à penser ‹Mais je suis en bonne santé. Je ne suis pas malade. C’est elle qui est malade! Est-ce bien nécessaire?› Par exemple pendant le premier examen, quand on m’a fait entrer dans le tube. En tant que donneur, on est examiné sous toutes les coutures. Les médecins m’ont trouvé des taches sur le poumon – rien de grave, mais par sécurité on m’a quand même prélevé les tissus suspects. Un stress supplémentaire. Et il y avait aussi des personnes dans mon entourage qui s’inquiétaient de savoir si j’avais bien réfléchi.

Robin ne regrette pas sa décision d’avoir fait don d’un organe, même s’il devait un jour se séparer de sa petite-amie.
Les nombreuses discussions avant la transplantation d’organe ont rapproché le couple.

Heureusement, ma compagne ne m’a jamais mis la pression. Je savais que je pouvais renoncer au dernier moment, même sur la table d’opération – elle aurait compris. Cette période a soudé notre couple. Nous avons également abordé la question d’une éventuelle séparation. Nous nous sommes écrit une lettre, dans laquelle nous nous sommes promis que le rein ne devait pas être une raison de rester ensemble. J’ai la ferme intention de voir le positif si jamais cela se terminait: j’ai pu aider une jeune personne.

Il faut se poser toutes ces questions avant de prendre une telle décision. On ne peut aller jusqu’au bout d’une décision que si on a tout pris en compte et que l’on assume pleinement sa décision. Pendant les moments difficiles, je me suis cramponné à l’idée que le don est important pour moi, que c’est une bonne chose. Par contre, je ne me suis pratiquement pas intéressé aux probabilités et taux de réussite de la transplantation.

Aujourd’hui, je peux dire que je suis satisfait de ma décision. Tout va bien pour nous. Mon amie va bientôt pouvoir reprendre le travail. Le don m’a beaucoup appris sur la vie, car je suis devenu plus mature grâce aux nombreuses discussions et aux angoisses surmontées. J’apprécie davantage la vie et d’être en bonne santé. Nous fêtons le jour de l’opération comme son nouvel anniversaire. Il est possible que j’aie des problèmes en vieillissant. Je dois gérer ce risque. Je vis dans l’instant. Qui sait à quoi ressemblera demain?»

Robin Freimann, 26 ans, est greenkeeper sur un terrain de golf.

Partager