Dossier: Décisions

Le pouvoir de décision

Dans un monde de tous les possibles, il est bien souvent difficile de savoir ce que nous voulons. Notre cerveau nous fait gagner du temps en prenant une grande partie de nos décisions en pilotage automatique.

Texte: Nicole Krättli; photo: Danil Nevsky / Stocksy United

Dois-je mettre la chemise rouge ou la chemise bleue? Planifier des vacances de ski ou un séjour dans une grande ville? Me marier? Divorcer? Avoir des enfants? Selon les chercheurs en neurosciences, nous prenons plus de 20 000 décisions chaque jour. Le processus reste invariablement le même: nous identifions une situation qui implique une décision, envisageons les différentes options, recherchons des informations et les analysons. Puis nous prenons notre décision, l’appliquons et l’examinons. Le cerveau enregistre cette expérience pour l’intégrer dans les futurs processus décisionnels.

Agir inconsciemment, réfléchir sciemment 

«Nous avons seulement conscience d’une partie de nos décisions», précise Daniel Hausmann-Thürig, chercheur en neurosciences à l’université de Zurich. Les décisions sont comparables à une randonnée. «Nous nous fixons un objectif, nous préparons, choisissons une direction et nous mettons en route. Si nous connaissons déjà le chemin emprunté, nous ne devrions, a priori, pas prendre de décisions.» Mais dès qu’un obstacle surgit, le mécanisme se grippe. «Nous devons réfléchir sciemment à la manière dont nous pouvons continuer à avancer et passons de l’action inconsciente à la réflexion consciente», ajoute-t-il.

La méthode 10/10/10 – Posez-vous la question suivante: si je prends cette décision, comment vais-je me sentir dans 10 minutes, dans 10 mois et dans 10 ans?
Pile ou face – Si vous espérez que la pièce tombera d’un côté en particulier, alors vous avez inconsciemment déjà pris votre décision.

Les freins à la prise de décision

Nos décisions ne dépendent pas seulement de la situation, mais également de notre personnalité. Nos prises de décision varient selon que nous sommes ouverts, craintifs, prêts à prendre des risques, perfectionnistes ou accommodants. Et selon Daniel Hausmann-Thürig, nous nous heurtons à de nombreuses difficultés dans le processus de prise de décision: «Cela commence par une perception biaisée, qui entraîne une erreur de jugement, une réflexion incorrecte et une évaluation inexacte des risques.»

Dans ce cas, peut-on encore parler de libre arbitre ou tout cela n’est-il qu’une illusion? C’est ce que prétendent les chercheurs, à l’instar du neurophysiologiste Benjamin Libet. Il y a une trentaine d’années, il mesurait un signal cérébral précédant de quelques centaines de millisecondes les décisions prises de manière consciente. S’agissant des processus décisionnels inconscients, le scientifique affirmait alors que le libre arbitre n’était qu’une illusion.

«De nombreuses actions dans notre cerveau suivent une certaine routine. D’un autre côté, nous pouvons toujours marquer un temps d’arrêt et nous demander ce que nous faisons véritablement», nuance Daniel Hausmann-Thürig. Et en effet, de nos jours, nous soupesons délibérément bien trop souvent les avantages et les inconvénients.«Nous devons choisir entre une multitude d’options et voulons le faire le plus rapidement possible et de la meilleure manière qui soit. Ce qui peut générer du stress», conclut-il. Il conseille donc de créer des îlots de détente pour stopper le flot de pensées et se demander, en relation avec les véritables besoins et objectifs: qu’est-ce qui est vraiment important pour moi?

Temps de gestation – Vivez pendant trois à cinq jours comme si la décision était déjà prise. Observez les sentiments que cela déclenche en vous.
Le 80e anniversaire – Décidez comme si vous alliez souffler vos 80 bougies et passiez en revue votre vie.
Partager