Dossier: Sexualité

10 idées reçues sur la ménopause

Toutes les femmes sont concernées, à un moment ou à un autre, par la ménopause. Cette période de leur vie fait pourtant l’objet de nombreux tabous et d’idées reçues. Nous allons en balayer dix pour vous.

Texte: Katharina Rilling; photo: Edward Cisneros / Unsplash

Qu’est-ce qu’il m’arrive? Pendant la ménopause, les femmes ne savent plus où donner de la tête: leur période de fertilité touche à sa fin, leur corps change. Certaines n’ont pas assouvi leur désir de maternité, d’autres ont des enfants qui volent de leurs propres ailes et réinventent leur vie de couple.

Origine des symptômes de la ménopause

Les symptômes physiques de la ménopause sont causés par le manque d’œstrogènes. Les ovaires, qui sont particulièrement actifs entre 25 et 35 ans, réduisent progressivement leur fonction avant la ménopause proprement dite – le nombre d’ovules diminue et l’ovulation a lieu de moins en moins souvent. Les ovaires produisent moins d’œstrogènes et de progestérone, les deux principales hormones sexuelles féminines.  

Quand commence la ménopause?

La ménopause est le nom donné aux dernières règles. Elle intervient en général entre 45 et 55 ans. En moyenne, les femmes ont leurs dernières règles à 51 ans.

Tout à fait normal? La ménopause, un tournant

Une chose est sûre: la ménopause est un tournant dans la vie de chaque femme – et elle est trop souvent tabou. Les femmes gardent pour elles leurs doutes, leurs angoisses et leurs douleurs: «Un nombre incroyable de femmes serrent les dents. Elles sont très nombreuses à dissimuler des symptômes tels que l’anxiété, l’irritabilité, les pertes de mémoire ou les troubles du sommeil», constate Petra Stute, médecin-cheffe de la clinique gynécologique Maternité de l’Hôpital universitaire de Berne. La Maternité est le premier centre de compétence pour l’évaluation des troubles liés à la ménopause.

«Je me demande souvent: pourquoi les femmes s’infligent-elles cela? Certaines patientes dorment mal pendant des mois. Ce n’est pas une fatalité, on a des solutions à presque tous les troubles.» La première étape est peut-être la plus difficile: il faut admettre et reconnaître que la ménopause est la cause des changements. Petit aperçu des principaux préjugés autour de la ménopause, avec les explications de la Prof. Petra Stute:

Idée reçue numéro 1: la transpiration est indissociable de la ménopause

«Oui et non. Certaines femmes ont plutôt tendance à être plus frileuses pendant la ménopause. Cette frilosité peut donc faire partie des symptômes. Mais les deux tiers des femmes souffrent de bouffées de chaleur et de sueurs – et pour un tiers des femmes, à tel point qu’elles doivent consulter leur médecin, qui leur prescrit souvent un traitement hormonal.

Les patientes présentant des symptômes plus légers peuvent tenter des thérapies plus douces. Certains remèdes à base de plantes, comme l’actée à grappes noires, la rhubarbe, la sauge, le soja ou le trèfle rouge, peuvent réduire les bouffées de chaleur et les sueurs d’environ 30%. Il semble en outre que l’acupuncture réduise les symptômes de 30 à 40%.

Dans quelques cas, on prescrit des antidépresseurs ou des antiépileptiques si un traitement hormonal est impossible et que les traitements à base de plantes ne fournissent pas de résultats suffisants. Il convient de lutter contre les facteurs qui favorisent les bouffées de chaleur, comme le surpoids, l’obésité et le tabagisme. Les antécédents familiaux jouent également un rôle. Il peut être intéressant pour une femme de demander à sa mère comment elle a vécu cette période.»

Traitements à base de plantes: le millepertuis peut aider à surmonter les phases dépressives.

Idée reçue numéro 2: toutes les femmes ménopausées souffrent de sautes d’humeur

«Non!Le risque de tomber en dépression augmente toutefois pendant la périménopause – c’est-à-dire la période de transition, à partir de la fin de la trentaine ou du début de la quarantaine jusqu’à la ménopause vers les 51 ans. Pour être plus précis, ce risque est deux fois et demie plus élevé que pour les femmes plus jeunes.

En général, les femmes sont particulièrement vulnérables pendant les périodes de fortes fluctuations hormonales – pas seulement pendant la ménopause, mais aussi après un accouchement, qui provoque parfois une dépression post-partum, ou pendant le cycle, avec le syndrome prémenstruel.

Bonne nouvelle pour les femmes ménopausées: une fois que vous avez surmonté ces phases difficiles, le risque de dépression diminue.

Traitements à base de plantes: le millepertuis peut être utile. Les antidépresseurs et la psychothérapie sont également largement utilisés en Suisse. Mais aussi les traitements hormonaux de substitution.»

Idée reçue numéro 3: les femmes ménopausées prennent du poids

«C’est malheureusement souvent le cas.Les femmes prennent en moyenne un demi-kilo par an. Pas de manière régulière et progressive, ce qui permettrait de s’y habituer, mais, dans la plupart des cas, à raison de cinq à six kilos en quelques mois. La raison: alors que le métabolisme et l’équilibre hormonal changent, les femmes n’adaptent que très peu leurs habitudes alimentaires et leur activité physique.

À la ménopause, il est également recommandé de faire attention aux facteurs d’obésité cachés, comme l’alcool. Mais il est bien sûr très difficile de réduire soudainement sa consommation de calories, de changer ses chères habitudes et de faire davantage d’exercice. D’autant plus quand des symptômes tels que des douleurs articulaires ou des humeurs dépressives font leur apparition.

Les femmes craignent souvent que cela dure indéfiniment et de ne plus contrôler leur poids. Mais il n’en est rien! Les choses finissent par s’arranger. Il convient néanmoins de faire attention: une prise de poids excessive constitue un facteur de risque pour le diabète, les maladies cardiovasculaires et la démence – particulièrement à partir du moment où l’effet protecteur des œstrogènes disparaît.»

Idée reçue numéro 4: les femmes perdent leur libido pendant la ménopause

«La ménopause ne s’accompagne pas systématiquement d’une baisse de l’activité sexuelle. De nombreux facteurs entrent en jeu, comme la qualité de la relation ou le niveau de stress. Mais aussi la manière avec laquelle la femme accueille le fait de vieillir.

La sécheresse vaginale peut être un symptôme physique gênant. Elle se traite heureusement très facilement avec des pommades ou des ovules hormonaux. Certaines femmes ressentent d’ailleurs cette période comme une libération: les règles s’arrêtent et la charge familiale diminue. Cela peut avoir un effet positif sur la vie amoureuse.»

Idée reçue numéro 5: les femmes «se masculinisent»

«En raison de la disparition des œstrogènes, les hormones masculines sont pour ainsi dire majoritaires. Certes, elles diminuent aussi avec l’âge, mais le taux d’hormones féminines baisse davantage. C’est pourquoi les cheveux deviennent généralement plus fins et plus rares. De nombreuses femmes ont en outre l’impression que leurs cheveux tombent plus souvent et ne sont plus aussi longs. Parallèlement, des poils apparaissent sur le visage.

Mais ce n’est pas comme si les poils poussaient partout sur le corps, comme chez l’homme. La voix de la femme change aussi légèrement, sans toutefois que cela soit vraiment perceptible au quotidien. Seules les chanteuses professionnelles peuvent à la rigueur remarquer une différence.

Idée reçue numéro 6: le processus de vieillissement s’accélère

«Cette idée reçue repose sur une part de vérité! Si une femme ne prend pas d’hormones, elle vieillit effectivement un peu plus vite. Les œstrogènes protègent contre de nombreux effets du vieillissement sur la peau et les cheveux, les vaisseaux sanguins et les os. Certaines femmes découvrent chaque jour de nouvelles rides dans le miroir ou souffrent de douleurs et de gonflements articulaires ou de maux de dos, conséquences du vieillissement. D’autres ont soudain le sentiment d’avoir mal partout.»

Idée reçue numéro 7: le risque d’un traitement hormonal de substitution est plus élevé que son bénéfice

«La crainte des patientes est réelle. Mais cela vaut vraiment la peine de demander conseil à sa gynécologue. Ce traitement est préconisé en cas de forts symptômes de la ménopause – bouffées de chaleur, troubles psychiques, insomnies – et pour l’ostéoporose. J’estime qu’en Suisse, environ une femme sur 15suit un traitement hormonal.

Le traitement hormonal de substitution présente de nombreux avantages: il atténue non seulement les symptômes de la ménopause, mais réduit également le risque d’ostéoporose, de démence, d’infarctus du myocarde, de diabète et de cancer du côlon. Il a en outre un effet bénéfique sur la peau et les cheveux, la silhouette et le poids. Si l’on prend des œstrogènes par voie cutanée et non par voie orale, le risque de thrombose et d’AVC n’augmente pas.

Il est vrai que le risque de cancer du sein augmente au bout de cinq ans et demi de traitement combiné œstrogène/progestatif. Plus précisément: sans hormones, environ 14 femmes sur 1000 entre 50 et 59 ans déclarent un cancer du sein dans les cinq ans. Parmi les femmes de la même tranche d’âge sous traitement combiné depuis cinq ans et demi, ce nombre atteint 18 femmes sur 1000: le diagnostic du cancer du sein concerne donc trois ou quatre femmes de plus pendant cette période.

Les préparations à base de plantes présentent l’inconvénient d’agir en fonction des symptômes: on peut prendre une plante comme le millepertuis pour le bien-être psychique, de la valériane pour les troubles du sommeil, de l’actée à grappes noires, du soja ou du trèfle rouge pour maîtriser les bouffées de chaleur. Mais elles n’offrent aucune protection contre les conséquences à long terme d’un manque d’œstrogènes sur les os, le cœur et le cerveau. Il est important de savoir qu’il n’est pas nécessaire de choisir son camp. On peut aussi alterner ou combiner les méthodes thérapeutiques – sans devoir se justifier.»

Idée reçue numéro 8: on peut tout simplement continuer à prendre la pilule

«Oui et non. La pilule combinée contient certes un œstrogène artificiel, qui a des effets bénéfiques sur les troubles de la ménopause. Mais la pilule contraceptive classique présente un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral, de thrombose et d’infarctus du myocarde que le traitement hormonal de substitution. C’est la raison pour laquelle la prise de la pilule combinée jusqu’à l’âge de 50 ans n’est conseillée qu’aux femmes en bonne santé. Mais elles doivent absolument arrêter la pilule passé cet âge.»

Idée reçue numéro 9: la ménopause dure deux ans

«Cela varie d’une femme à l’autre. Il est malheureusement impossible de prédire la durée des troubles. Mais les bouffées de chaleur et les sautes d’humeur liées aux hormones disparaissent chez toutes les femmes. En revanche, les changements au niveau des organes génitaux, comme la sécheresse vaginale, ne s’améliorent pas tout seuls. Si une femme présente des symptômes gênants à cet égard, elle doit les traiter durablement.»

Idée reçue numéro 10: à partir de la ménopause, les choses se dégradent dans de nombreux domaines

«On ne peut pas généraliser. Il est vrai que les changements hormonaux représentent un véritable défi pour la plupart des femmes. Mais ils peuvent aussi être un atout: grâce au bilan de santé imposé par les hormones, de nombreuses femmes se recentrent pour la première fois sur elles-mêmes et leurs besoins, mettent de l’ordre dans leurs relations, éliminent plus rigoureusement les influences toxiques, s’affirment davantage et exigent plus de leur entourage.

Cela peut certes être irritant et fatigant pour certaines personnes de leur entourage, mais cela leur fait du bien! Et ce n’est pas tout: le vieillissement se produit à plusieurs niveaux. Ce n’est pas seulement une question d’ovaires et d’hormones. Ainsi, les femmes de cet âge ne sont souvent qu’au début de leur ascension vers le sommet de leurs compétences émotionnelles et sociales.