Phobie sociale: cause, symptômes et conseils

Près d’une personne sur dix en Suisse présente des symptômes de phobie sociale. Redouter le fait d’être observé par les autres peut entraîner une un handicap dans la vie quotidienne.

Texte: Nicole Krättli

Images: Sanitas

11 min

27.10.2025

Donner une poignée de main, parler en public, avoir un contact visuel avec les autres: ces situations, qui font partie du quotidien de nombreuses personnes, peuvent devenir un calvaire pour d’autres. S’imaginer vivre de tels moments, provoque des palpitations et de l’anxiété chez les personnes concernées.

La phobie sociale est le nom donné à ce tableau clinique qui va bien au-delà de la timidité normale et qui limite fortement les personnes concernées au quotidien.

Qu’est-ce que la phobie sociale?

La phobie sociale est une affection mentale reconnue qui décrit la crainte d’être dévisagé par d’autres personnes, entraînant un évitement des situations d’interaction sociale.

C’est la définition que donne la classification officielle des maladies, la CIM-10. La CIM est un système valable dans le monde entier qui aide les professionnel-es de la médecine et de la recherche à classer les maladies.

  • Timidité et phobie sociale: la différence

    Contrairement à la timidité, que beaucoup de gens connaissent, la peur est bien plus intense en cas de phobie sociale. Les personnes concernées ne craignent pas seulement de paraître peu sûres d’elles, mais ont une peur panique de se ridiculiser ou d’être rejetées.

    Cette anxiété est disproportionnée par rapport à la situation et vient perturber considérablement le quotidien, les activités professionnelles et les relations avec autrui.

    Bien souvent, ce trouble se développe à l’adolescence. Alors que l’incertitude liée à l’adolescence se dissipe avec le temps, ce sentiment persiste et s’intensifie souvent en cas de phobie sociale.

    Au fil des ans, les personnes concernées se replient de plus en plus sur elles-mêmes au point, parfois, de se couper complètement de la vie sociale.

  • Combien de personnes sont concernées?

    Près de 10% de la population suisse souffre de phobie sociale. C’est ce qu’a révélé le rapport de l’Observatoire suisse de la santé en 2023. Les femmes sont plus touchées que les hommes (11,3% contre 8,1%).

    Près d’un tiers des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont déclaré reconnaître des signes de phobie sociale chez elles. Chez les hommes du même âge, ce chiffre s’élevait tout de même à 17%.

    En comparaison internationale, les valeurs en Suisse sont toutefois nettement plus élevées qu’en Allemagne par exemple, où seulement 1 à 3% des personnes sont concernées, poursuit le rapport. 

Symptômes: comment se manifeste la phobie sociale?

Les personnes souffrant de phobie sociale redoutent les situations dans lesquelles elles pourraient être observées ou jugées. Elles savent souvent que leur crainte est excessive, mais ne peuvent malgré tout pas contrôler leur comportement. Cela entraîne non seulement une grande souffrance, mais aussi des comportements d’évitement.

  • Symptômes physiques de la phobie sociale

    L’anxiété se manifeste souvent par des réactions physiques évidentes que les personnes concernées considèrent comme particulièrement embarrassantes:

    • Rougissement ou tremblements visibles
    • Transpiration ou voix tremblante
    • Nausées, vertiges ou dyspnée
    • Tachycardie ou tension musculaire
    • Envie pressante d’aller aux toilettes
  • Symptômes psychiques de la phobie sociale

    Outre les symptômes physiques, des pensées et des sentiments intenses caractérisent cette pathologie:

    • Peur d’être perçu de manière négative ou d’être rejeté par les autres
    • Peur permanente de se ridiculiser
    • Ruminer de manière excessive avant, pendant et après des situations sociales
    • Anticiper le pire résultat possible dans les rencontres faites au quotidien
  • Changement de comportement dû à une phobie sociale

    Le comportement est fortement déterminé par l’anxiété:

    • Annulation de rendez-vous ou d’invitations
    • Éviter les exposés, les examens ou les apparitions en public
    • Se retirer de groupes ou de conversations
    • Quasiment plus aucun contact visuel ou repli sur soi-même dans la vie quotidienne

    Ce trouble affecte profondément la vie quotidienne et les relations aux autres. Elle peut toucher tous les domaines de la vie, que ce soit scolaire ou professionnel, en passant par les relations amicales et interpersonnelles.

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Causes et facteurs de risque: qu’est-ce qui déclenche la phobie sociale?

Comme pour de nombreuses maladies mentales, la phobie sociale n’est pas causée par un seul facteur. Elle résulte plutôt d’une interaction entre des facteurs génétiques, biologiques et sociaux.

  • Prédisposition et biologie

    Les troubles anxieux se répètent au sein des familles. Outre les facteurs génétiques, le cerveau joue également un rôle: l’amygdale, un système qui régule nos actions face à la peur, devient souvent hyperactive chez les personnes concernées.

    Des chercheurs de l’université suédoise d’Uppsala ont également découvert qu’un déséquilibre entre deux neurotransmetteurs, la sérotonine et la dopamine, peut contribuer au développement d’une phobie sociale

  • Enfance et adolescence

    Des expériences telles que les moqueries, l’exclusion, les conflits, voire les abus, peuvent augmenter le risque de souffrir de phobie sociale. Les enfants de nature plutôt timide ou réservée sont également considérés comme plus vulnérables.

    Si, à ce stade du développement, on ne trouve pas de moyen de gérer les angoisses, elles peuvent persister jusqu’à l’âge adulte.

  • Personnalité et image de soi

    Une faible estime de soi ou un besoin de perfectionnisme renforcent la peur d’être jugé de manière négative. Les personnes qui ont des exigences particulièrement élevées envers elles-mêmes craignent d’autant plus de commettre des erreurs ou d’agir de façon embarrassante.

  • Déclencheurs à l’âge adulte

    Un entretien d’embauche, un exposé important ou la rencontre de nouvelles personnes peuvent déclencher clairement la première apparition des symptômes.

    Des signes visibles – bégaiement, tremblements ou particularités physiques – peuvent également contribuer à ce que les personnes concernées évitent de s’exposer encore plus aux situations sociales.

Conséquences sur la vie de tous les jours

Non traitée, la phobie sociale régit le quotidien et prive les personnes concernées de nombreuses opportunités.

  • Impact de la phobie sociale sur le travail et la carrière

    De nombreuses personnes concernées évitent les situations dans lesquelles elles pourraient être le centre de l’attention. Elles renoncent à faire des exposés ou des discours, reportent les entretiens d’embauche ou ont tendance à se cacher pendant les réunions. Et laissent ainsi passer des opportunités professionnelles. Conséquence: elles ont souvent l’impression de ne pas être assez compétentes ou de ne pas être à la hauteur des exigences.

    La phobie sociale influence également le choix des études et de la profession. Certain-es choisissent délibérément des voies qui demandent moins de contacts ou sont moins exigeantes en termes de performance. Cela limite les possibilités d’évolution et a un impact à long terme sur les revenus comme sur la carrière.

    Une étude de l’université de Mettu, en Éthiopie, confirme ces liens: les étudiant-es souffrant de phobie sociale ont obtenu des résultats nettement moins bons aux examens, évité les présentations orales et mentionné une baisse sensible de leur qualité de vie.

  • Impact de la phobie sociale sur les relations amicales et interpersonnelles

    Une personne qui décline les invitations ou évite les conversations perd rapidement le contact avec les autres. Ce qui provoque un isolement social et rend difficile l’établissement de nouveaux contacts.

    L’anxiété est également source de problèmes au sein du couple. Beaucoup craignent d’aborder la question des limites ou des besoins personnels. Les conflits ne sont pas résolus, la proximité et l’intimité en pâtissent. Avec le temps, les personnes concernées manquent l’occasion de resserrer les liens d’une amitié ou de construire une relation.

  • Conséquences d’une phobie sociale sur la santé

    Ce stress permanent a également des répercussions sur l’organisme. Les personnes qui vivent en permanence en état d’alerte souffrent souvent de troubles du sommeil, de maux de tête ou de problèmes d’estomac. Le stress permanent affaiblit les défenses immunitaires et augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

    Le lien avec la dépression est particulièrement évident. Une étude européenne menée en 2009 auprès de près de 19 000 participant-es a montré que 19,5% des personnes souffrant de phobie sociale souffraient également de dépression sévère.

    Les auteurs de l’étude, Maurice M. Ohayon et Alan F. Schatzberg, indiquent que le risque de développer une dépression dans les deux ans suivant l’apparition d’une phobie sociale est cinq fois plus élevé que pour le reste de la population.

Diagnostic: comment identifier une phobie sociale?

Les spécialistes et les psychothérapeutes se basent sur des critères spécifiques pour diagnostiquer la phobie sociale. Il faut que l’anxiété

  • existe depuis au moins six mois,
  • apparaisse pratiquement toujours dans les mêmes circonstances,
  • soit associée à la crainte d’être jugé de manière négative,
  • perturbe considérablement le quotidien, 
  • soit disproportionnée face à la situation perçue comme un danger.

Dans un premier temps, on procède généralement à un examen physique afin d’exclure d’autres causes telles que des médicaments ou des maladies physiques. Les médecins discutent ensuite des symptômes et demandent aux personnes concernées de répondre à des questionnaires et à des entretiens standardisés. Ceux-ci aident à identifier plus précisément le degré de gravité et le type de phobie.

«Un diagnostic différencié permet d’identifier le trouble à un stade précoce et de le traiter de manière ciblée», précise le docteur Torsten Berghändler. Il est également important de faire la distinction avec d’autres pathologies, telles que le trouble panique ou la dépression, qui peuvent déclencher des symptômes similaires.

Autotest: est-ce que je souffre de phobie sociale?

Pour savoir si vous souffrez de phobie sociale, un petit autotest peut vous aider à vous faire une première idée. Si plusieurs affirmations s’appliquent à votre cas, il est recommandé de consulter à un-e spécialiste:

  • J’ai extrêmement peur de parler en public.
  • J’évite les situations dans lesquelles je pourrais être le centre d’attention.
  • Je me sens mal à l’aise et agis de manière distante lorsque je suis en groupe.
  • J’ai peur qu’on voie que je rougis, que je tremble ou que je transpire.
  • J’annule des rendez-vous parce que j’ai peur d’être jugé-e de manière négative.

Remarque importante: un autotest ne remplace pas un diagnostic médical. Si vous pensez souffrir de phobie sociale, cherchez de l’aide auprès d’un-e professionnel-le. 

Comment traiter la phobie sociale?

La phobie sociale disparaît rarement d’elle-même. L’approche centrée sur la personne, associée à un traitement médicamenteux si nécessaire, peut considérablement atténuer l’anxiété et faciliter le quotidien des personnes touchées.

  • La psychothérapie

    La thérapie cognitivo-comportementale est la plus efficace: les patient-es apprennent à remettre en question leurs pensées anxieuses et à faire progressivement face aux situations redoutées. Ils-elles remarquent ainsi que leurs peurs s’atténuent avec le temps.

    Une équipe de recherche de l’université américaine de Californie a toutefois montré que cela ne suffisait pas toujours: «Nous constatons que beaucoup de personnes retrouvent leurs anciens automatismes après un traitement. C’est pourquoi nous essayons d’adapter davantage la thérapie à la vie quotidienne de chaque personne».

    Les moyens numériques gagnent également en importance. Les exercices en réalité virtuelle sont particulièrement fascinants. Les personnes concernées s’entraînent par exemple à parler en public dans un environnement généré par ordinateur.

    Des chercheurs de l’université australienne Monash confient: «La réalité virtuelle peut être aussi efficace que les situations d’entraînement réelles et plus accessible».

  • Médicaments

    Les médicaments peuvent s’avérer utiles lorsque l’anxiété est très forte. Les médecins prescrivent généralement certains antidépresseurs pour atténuer le sentiment d’angoisse. Leur effet n’est pas immédiat, mais se fait sentir au bout de quelques semaines. Les bêtabloquants peuvent être utilisés pour réduire l’accélération de la fréquence cardiaque ou les tremblements que ressentent certaines personnes terrorisées par le fait de parler en public.

    Les tranquillisants agissent rapidement, mais ne conviennent qu’à court terme, car ils peuvent créer une dépendance. Les personnes concernées devraient consulter dans tous les cas des spécialistes et ne prendre des médicaments que sur leur recommandation.

    Une thérapie demande du temps et de l’énergie. C’est petit à petit et en persévérant que l’on peut faire de grands progrès. «Ce n’est pas tant le fait de parler de la peur, mais d’y être exposé, encore et encore, qui change la donne», poursuivent les chercheurs de Los Angeles dans leur étude.

Conseils pour le quotidien

L’aspect thérapeutique est important, tout comme le développement de stratégies au quotidien qui peut aider à maîtriser peu à peu l’anxiété.

Avancez pas à pas et fixez-vous des objectifs réalistes: il n’est pas possible de surmonter sa peur d’une enjambée. Choisissez des situations sociales simples, puis passez à des défis de plus en plus difficiles. Chaque succès, aussi petit soit-il, renforcera votre confiance en vous.

Analysez vos schémas de pensée: notez ce qui vous fait peur. Posez-vous les questions suivantes: à quel point ma peur est-elle réaliste? Quelle est la pire chose qui pourrait arriver et quelle est la probabilité que cela se produise? Cette réflexion permet de réduire l’intensité de l’anxiété.

Faites preuve de vigilance: en société, concentrez-vous sur l’activité que vous êtes en train de faire – par exemple sur la conversation ou le repas – plutôt que sur vous-même.

Détendez-vous et faites de l’exercice: une activité physique régulière, des exercices de respiration ou des méthodes de relaxation comme le yoga, la relaxation musculaire progressive ou le training autogène sont autant de moyens de vous calmer. Faire de petites pauses, écouter de la musique ou se promener fait souvent des miracles.

Maintenez des routines saines: dormir suffisamment, manger équilibré et s’adonner à des rituels, comme boire une infusion apaisante à la lavande ou à la mélisse, donnent de la force pour affronter les situations stressantes.

Consignez vos progrès : tenez un journal. Notez les petits succès et les éléments déclencheurs que vous avez réussi à maîtriser. Vous pourrez ainsi vous rendre compte du chemin parcouru.

Utilisez les moyens numériques: les applications de santé mentale ou les coachings en ligne peuvent compléter les exercices et vous motiver même si aucun rendez-vous avec un-e spécialiste n’est prévu.

Petits exercices immédiatement efficaces lorsqu’une crise d’angoisse apparaît

  • Contrôlez votre respiration

    Inspirez pendant 4 secondes puis expirez pendant 6 secondes. Répétez cinq fois.

  • Les bienfaits du froid

    Faites couler de l’eau froide sur vos poignets ou laissez un glaçon fondre dans votre main. Le froid a un effet apaisant immédiat.

  • La méthode 5-4-3-2-1

    Repérez cinq choses que vous pouvez voir, quatre choses que vous pouvez toucher, trois choses que vous pouvez entendre, deux choses que vous pouvez sentir et une chose que vous pouvez goûter. En vous obligeant à vous concentrer sur vos sens, cette technique permet d’enrayer le sentiment d’anxiété.

  • Ressentez votre corps

    Serrez les poings pendant 5 secondes, puis relâchez. Faites la même chose avec les épaules et les jambes.

  • Pratiquez le contact visuel

    Cherchez brièvement le contact visuel avec une personne, souriez-lui légèrement, puis détournez le regard. Ce type d’exercice permet de renforcer peu à peu la confiance en soi et de gagner en assurance dans les relations avec les autres.

  • Positivez

    Dites-vous une phrase rassurante, par exemple «Cette peur est passagère et va disparaître» ou «J’ai déjà réussi à le faire une fois».

Se faire aider: le soutien de la caisse maladie

Les personnes souffrant de phobie sociale devraient chercher de l’aide le plus rapidement possible.

  • Psychothérapie

    Lorsque peur et anxiété perturbent considérablement la vie quotidienne, une psychothérapie s’impose. L’assurance de base prend en charge 30 séances au maximum, déduction faite de la franchise et de la quote-part. Pour cela, il faut que

    • le médecin qui établit l’ordonnance ait suivi la formation correspondante.
    • le ou la psychothérapeute soit reconnu-e par l’assurance de base et dispose d’une autorisation cantonale d’exercer.

    Pour une thérapie plus longue, une garantie de paiement supplémentaire est nécessaire. Une personne qualifiée évalue alors si le traitement peut être prolongé.

  • À qui s’adresser?

    • Les psychiatres sont des médecins qui peuvent également prescrire des médicaments contre les troubles anxieux.
    • Les psychothérapeutes ont recours au dialogue et à des méthodes de thérapie comportementale.
    • Les psychologues sans formation complémentaire ne sont pas autorisés à traiter des maladies.
  • Une assurance complémentaire pour plus d’options

    Sanitas participe également aux coûts de la psychothérapie non médicale avec ses assurances complémentaires Vital Smart ou Vital Premium.

    Il existe en outre des contributions pour des offres numériques, comme des coachings en ligne ou des programmes de prévention. Les personnes souffrant de phobie sociale peuvent les utiliser en complément, par exemple pour s’entraîner à gérer le stress ou apprendre des techniques de relaxation.

  • Aide pratique

    Contrôle couverture de Sanitas
    Hot-line médicale (24h/24, 7j/7): 0844 124 365
    Urgences (24h/24, 7j/7): +41 44 446 47 47

Conclusion: la phobie sociale ne doit pas rythmer la vie

La phobie sociale peut limiter considérablement la vie quotidienne, mais il est possible de la traiter. Avec une thérapie appropriée, des stratégies à appliquer au quotidien et une aide adéquate, il est possible de diminuer progressivement l’anxiété. Personne ne doit rester seul face à ce fardeau.

Sanitas Notre contribution à la santé mentale

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