Incontinence: quand la vessie prend le contrôle

Les personnes touchées d’incontinence souffrent avant tout sur le plan psychologique. Mais s’isoler par sentiment de honte n’est pas la solution. Il est presque toujours possible de traiter les fuites urinaires de manière à ce qu’elles disparaissent ou limitent au minimum le quotidien.

Texte: Anna Montanato; photo: iStock

Pouvoir vider sa vessie quand on en a envie semble a priori un geste anodin. Or, les personnes qui souffrent d’incontinence urinaire sont à la merci des fuites involontaires. Une situation particulièrement embarrassante. L’isolement, le retrait de la vie en société, la perte de l’estime de soi et un sentiment de honte en sont les conséquences.
En Suisse, selon la Société suisse d’aide aux personnes incontinentes, 500 000 personnes seraient touchées par ce trouble. La bonne nouvelle: les fuites urinaires ne sont pas une fatalité. Il existe des méthodes de traitement pour les maîtriser.

Fuites urinaires lors d’un effort physique

L’incontinence d’effort (également appelée incontinence de stress) est la forme d’incontinence la plus répandue et touche principalement les femmes. Elle survient lors d’un effort physique soudain ainsi qu’en soulevant une charge, en toussant, en éternuant ou en riant et ne s’annonce pas. Elle est généralement due à une faiblesse des muscles du plancher pelvien. Celle-ci peut être congénitale ou favorisée par les grossesses, les accouchements et le manque d’œstrogènes à la ménopause. La quantité d’urine évacuée est généralement faible, car la fuite peut être stoppée immédiatement. L’incontinence d’effort doit tout de même être traitée.

Le renforcement de la musculature du plancher pelvien par des exercices ciblés est le premier choix parmi les méthodes de traitement. Un mode de vie sain, une alimentation équilibrée et un poids corporel normal ont également un effet positif sur les symptômes de l’incontinence d’effort. Une intervention chirurgicale est possible, mais elle n’est souvent envisagée que si les méthodes traditionnelles n’apportent pas l’amélioration escomptée.

Besoin incontrôlable d’uriner

Contrairement à l’incontinence d’effort, les personnes souffrant d’incontinence d’urgence (également appelée vessie irritable ou vessie hyperactive) ont l’impression de ne plus pouvoir se retenir. Souvent, cette envie incontrôlable résulte de certains facteurs déclencheurs. Le stress, les soucis, les pieds froids, le bruit de l’eau qui coule et la simple idée d’avoir envie d’uriner en font partie. Dans ce cas, pour les personnes concernées, même le chemin le plus court vers les toilettes est trop long et la fuite d’une grande quantité d’urine est programmée.

La crainte de se retrouver dans de telles situations invalide fortement la qualité de vie.

Le traitement de l’incontinence d’urgence consiste presque toujours à prendre des médicaments qui calment et détendent la musculature hyperactive de la vessie.

Incontinence chez l’homme

La plupart des hommes touchés souffrent de ce que l’on appelle l’incontinence par regorgement, un problème qui entrave la vidange de la vessie. La plupart des cas surviennent à partir de 50 ans et sont souvent liés à une hypertrophie de la prostate, qui peut favoriser une sténose de l’urètre. Il se produit alors une rétention chronique d’urine dans la vessie, avec un écoulement permanent au goutte-à-goutte. L’incontinence par regorgement peut aussi être un effet secondaire de certains médicaments pour le cœur ou le système nerveux. Les personnes qui en souffrent devraient impérativement consulter un médecin.

Si une prostate hypertrophiée provoque des problèmes de santé, une chirurgie s’impose. Certains hommes remarquent également des fuites urinaires involontaires après l’opération. Mais dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent au bout d’un certain temps.

Qu’est-ce qui aide en cas d’incontinence?

Les médicaments et la chirurgie ne sont pas les seuls moyens à disposition pour soulager ou supprimer les symptômes de l’incontinence. La gymnastique du plancher pelvien et la rééducation de la vessie sont également une bonne solution. Mais si rien n’y fait, il faut s’habituer à vivre avec ce handicap. Un processus difficile pour beaucoup, car les fuites urinaires sont source de doutes et d’angoisses. La bonne nouvelle: grâce à une bonne planification, une organisation minutieuse et des aides auxiliaires, il est possible de bien gérer la situation.

Rééducation de la vessie

Elle consiste à s’entraîner avec des professionnel-les de la santé en faisant des exercices ciblés pour changer les comportements liés à la miction, atténuer ainsi l’incontinence et améliorer la qualité de vie sans médicaments ni chirurgie. Il s’agit non seulement de renforcer les muscles, mais aussi de faire des respirations et de se détendre. 

Ces exercices sont adaptés à presque toutes les formes d’incontinence, mais surtout pour celles dites d’effort et d’urgence. Les séances de rééducation sont proposées en groupe ou individuellement. Une amélioration ne se fait toutefois pas du jour au lendemain: il faut faire preuve de patience et persévérer.

Rééducation du plancher pelvien

Une faible musculature du plancher pelvien favorise l’incontinence. Avec une gymnastique ciblée, il est possible de contrôler la miction. La durée des exercices et le nombre de séances recommandées par jour dépendent de la forme et de la sévérité de l’incontinence. Dans tous les cas, il faut persévérer jusqu’à ce que les fuites urinaires disparaissent ou se soient améliorées. Les premiers résultats apparaissent généralement au bout de trois semaines. Une nette amélioration peut toutefois prendre plusieurs semaines. Il ne faut donc pas interrompre ces exercices.

Un bon cours sera celui qui propose un éventail de solutions pour parvenir au but fixé. Au début, les exercices se font avec une vessie vide, puis, après un certain temps, avec une vessie pleine. L’objectif est de ressentir l’effet direct d’un plancher pelvien renforcé sur le contrôle de la miction.

Il y a des «classiques» parmi les exercices, comme la contraction des muscles du plancher pelvien en position assise ou couchée sur le dos, les jambes relevées. Il est également important de respirer et de ressentir les muscles en cause. Des exercices de sensibilisation aident à mieux les percevoir et permettent de mieux comprendre le lien entre respiration et abdomen.

Moyens auxiliaires

Les produits d’incontinence permettent aux personnes touchées de mener une vie à peu près normale et de prendre part à la vie en société. Ils peuvent être répartis en trois catégories:

Moyens auxiliaires absorbants

Ils absorbent les fuites urinaires et empêchent l’apparition de taches, d’odeurs ou d’irritations de la peau. On les trouve sous forme de protège-slips, de serviettes hygiéniques et de coquilles urinaires. Pour les hommes souffrant d’une incontinence légère à moyenne, les étuis péniens conviennent également. En cas de forme moyenne à sévère, nous recommandons des sous-vêtements d’incontinence et des culottes de fixation.

Moyens auxiliaires de rétention

Ils recueillent l’urine discrètement en toute sécurité à l’extérieur du corps dans une poche ou un flacon. En font partie notamment des condomes urinaires pour les hommes. Ils sont utilisés en cas d’incontinence moyenne à sévère, peuvent être portés 24h/24 et constituent une bonne alternative aux produits absorbants. Les poches à urine se portent sous le pantalon, à la jambe, sont discrètes et faciles à vider.

Moyens auxiliaires non portés sur le corps

Certaines aides ne se portent pas directement sur le corps. Il s’agit notamment des alèses qui empêchent l’humidité de pénétrer dans la literie, les matelas, les sièges et les fauteuils, garantissant ainsi une bonne hygiène.

Autres aides

Des maillots de bain spéciaux qui retiennent l’urine et qui ne se distinguent pas des maillots ordinaires.

Bon à savoir: l’assurance de base prend en charge les coûts des moyens auxiliaires conformément à la liste des moyens et appareils (LiMA).

Vivre avec l’incontinence

Accepter l’incontinence et s’y habituer n’est pas chose aisée. Parler avec son médecin peut aider à la gérer et à ne pas se décourager. Sensibilisation, soutien professionnel et moyens auxiliaires sont autant de solutions pour retrouver la joie de vivre.

Remèdes maison contre l’incontinence

  • Rééducation du périnée: de préférence par un-e physiothérapeute et effectuée régulièrement. Seul-e ou en groupe.
  • Renoncer à l’alcool, à la caféine et aux boissons gazeuses qui acidifient l’urine et irritent davantage une vessie déjà sensible. 
  • Boire suffisamment d’eau. Cela peut sembler paradoxal au premier abord, mais une personne qui boit trop peu aura une urine très concentrée, ce qui irritera la vessie.
  • Rééduquer la vessie. Aller régulièrement aux toilettes peut aider à contrôler son envie d’uriner. 
  • Faire du sport et avoir une alimentation équilibrée. Les kilos superflus augmentent la pression dans l’abdomen et donc sur la vessie, ce qui peut entraîner une incontinence d’effort.

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