Les professionnel-les de la santé aux prises avec un système numérique bancal

Le corps médical a discuté de la solidarité et du numérique dans le secteur de la santé. Même s’il voit un grand avantage dans les nouvelles technologies, il y a encore beaucoup de pain sur la planche pour pouvoir en tirer tout le potentiel escompté.

Pour les professionnel-les de la médecine, des soins et d’autres domaines de la santé, les systèmes de documentation numérique sont à la fois une malédiction et une bénédiction: d’une part, ils permettent d’avoir une grande base de données et de simplifier beaucoup de tâches, mais d’autre part, entraînent (toujours à l’heure actuelle) une charge de travail supplémentaire se traduisant par moins de temps à consacrer aux patient-es et à l’échange interdisciplinaire. Par ailleurs, il manque une norme uniforme concernant les données, ce qui débouche régulièrement sur des problèmes d’interface. Selon les participant-es au dialogue, l’uniformisation et la mise en réseau des différents systèmes de données simplifieraient la vie de tout le monde.

Tout le monde n’en profite pas

La collecte et l’utilisation des données de santé semblent aujourd’hui particulièrement utiles dans des domaines spécialisés tels que la radiologie ou les soins intensifs. Ici, le numérique ouvre de nouvelles possibilités et optimise le traitement. Pour les médecins de famille, en revanche, on n’en est pas encore là. Il en va de même avec les nouvelles formes de communication électroniques: l’échange e-mail avec les patient-es peut certes être utile, il reste toutefois à trouver les bonnes formes pour que la communication soit efficace.

«J'ai l'impression qu'on travaille encore beaucoup en silos. Je reçois zéro information du personnel de santé. Je dois passer uniquement par le patient pour obtenir ces informations. Grâce à la transformation numérique, il il faudrait enlever ces silos.»

Christophe Berger, Pharmacien

De quoi avons-nous besoin pour l’avenir?

Pour faire progresser la transformation numérique dans le secteur de la santé, l’État doit mettre en place les conditions-cadres nécessaires. Les professionnel-les de la santé sont unanimes sur ce point. Et les citoyens et citoyennes doivent être maîtres de leurs données – inutile de les patronner. Pour cela, il faut renforcer la «maturité» au sein de la société en ce qui concerne la gestion des données de santé. 

«L’importance de la solidarité: «Accès pour tout le monde et contribution – sur le plan financier également – de l’ensemble de la communauté, en fonction des besoins et des moyens individuels à disposition.»

Severin Lüscher, médecin de famille

Conclusion

Le bilan du premier dialogue est le suivant: même si la transformation numérique dans le secteur de la santé avance, il reste encore du chemin à parcourir pour en tirer une réelle utilité au quotidien. Du point de vue du corps médical, il est pour cela essentiel de mener un dialogue approfondi sur les effets du numérique dans le domaine de la santé et d’organiser la transformation en toute connaissance de cause.