La chirurgie cardiaque ambulatoire est-elle l’avenir de la médecine?

La chirurgie ambulatoire révolutionne la médecine: certaines opérations du cœur ne nécessitent plus de passer la nuit à l’hôpital. Les pays scandinaves et les États-Unis sont pionniers en la matière. En Suisse, elle se développe de plus en plus.

Texte: Nicole Krättli; photo: iStock

Se rendre à l’hôpital le matin, subir une intervention  au cœur et se rendormir le soir dans son lit: ce n’est plus de la fiction. Ces dernières années, il apparaît de plus en plus clairement que l’avenir appartient aux interventions ambulatoires. Elles représentent déjà plus de 60% des opérations en Scandinavie, voire 80% aux États-Unis. En Suisse, la médecine va également dans ce sens, bien que beaucoup plus lentement.

En 2019, six groupes d’actes médicaux devant désormais être réalisés en ambulatoire ont été définis. Il s’agit notamment d’opérations des varices, des hémorroïdes, des hernies inguinales, des examens et des interventions sur le col de l’utérus et l’utérus, de différentes procédures mini-invasives en cas de lésions du ménisque et des ligaments croisés ainsi que d’opération des amygdales.

Pose des cathéters cardiaques en ambulatoire

Grâce à l’avancée rapide de la technologie médicale, même les interventions sur le cœur sont désormais possibles sans hospitalisation de plusieurs jours. «Les opérations concernant le cœur ne sont pas toujours lourdes ou complexes. Il existe aussi des actes mineurs pouvant être effectués sans problème en ambulatoire, selon la condition physique et l’âge des patient-es», indique Anja Fäh, cardiologue et médecin agréé à la clinique Hirslanden Im Park. Par exemple, la pose d’un stimulateur cardiaque et le remplacement des piles. Même le traitement de l’arythmie cardiaque ne nécessite plus de passer la nuit à l’hôpital.

La spécialiste explique toutefois que la procédure la plus fréquente est la pose d’un cathéter cardiaque en ambulatoire. «En général, les personnes s’adressent à moi lorsqu’elles sont vite essoufflées, ressentent une pression sur la poitrine ou constatent une baisse générale de la performance physique», raconte la cardiologue. Dans ces cas-là, elle propose des examens préalables, tels qu’un électrocardiogramme, une échographie et un test d’effort. «Si les résultats présentent des anomalies, la pose d’un cathéter cardiaque peut constituer un examen complémentaire utile, pour prévenir un infarctus par exemple», poursuit-elle. S’il n’y a pas de signes de danger imminent, l’intervention peut être planifiée et réalisée en ambulatoire.

Le jour de l’intervention

Après l’arrivée à l’hôpital, les patient-es sont préparé-es en vue de l’intervention. L’examen en lui-même est réalisé au laboratoire de cathétérisme cardiaque sous anesthésie locale. Un fin cathéter est introduit jusqu’au cœur à partir du poignet ou de l’aine. «Le patient ou la patiente ne ressent alors aucune douleur, car les vaisseaux n’ont pas de nerfs sensibles à l’intérieur», assure Anja Fäh. Si l’idée d’être éveillé-e met mal à l’aise, il est possible de demander un somnifère léger.

Un produit de contraste est injecté directement dans les vaisseaux pour vérifier le flux sanguin. «Si les vaisseaux sont fortement rétrécis, nous pouvons, dans le meilleur des cas, les dilater au cours de la même intervention à l’aide d’un ballonnet», explique la spécialiste. Après l’examen, les patient-es doivent rester quelques heures à l’hôpital pour s’assurer qu’il n’y a pas de saignements. 

Cette évolution dans la médecine est globalement très avantageuse pour la patientèle, car les interventions sont réalisées en beaucoup moins de temps. Dans les centres de chirurgie ambulatoire du groupe Hirslanden, par exemple, les patient-es ne restent que deux à six heures avant de regagner leur domicile. Pouvoir se reposer dans un environnement familier, sans les contraintes ou le rythme imposé par l’hôpital, est une véritable plus-value. 

Un autre point positif est l’accompagnement de bout en bout par le même personnel médical. Car pendant les interventions ambulatoires, le changement d’équipe est rare. Le suivi est donc plus personnalisé et la source d’erreur minimisée dans le traitement du dossier.

Le concept du suivi est un atout sécurité

Bien que la chirurgie ambulatoire présente de nombreux avantages, les patients et patientes se demandent quels en sont les risques. «La majorité des personnes sont heureuses de ne pas devoir passer la nuit à l’hôpital, mais sont néanmoins très étonnées qu’une intervention sur le cœur puisse être réalisée en ambulatoire», rapporte le médecin.

On lui demande souvent si les soins ambulatoires sont aussi bons et sûrs que ceux dont on bénéficie pendant un séjour stationnaire. Anja Fäh souligne qu’il n’y a pas de distinction entre une intervention ambulatoire et une hospitalisation dès que la porte du bloc opératoire s’ouvre.

La seule différence réside dans la préparation et le suivi. Après l’opération, les patient-es reçoivent un plan détaillé de soins ultérieurs et peuvent joindre à tout moment le spécialiste en charge au numéro d’urgence indiqué. «Nous constatons que les patient-es appellent plus souvent après une intervention ambulatoire et veulent s’assurer que le processus de guérison se déroule comme prévu», explique la cardiologue.

Le traitement par cathéter cardiaque, en particulier, peut provoquer des hématomes ou de légers gonflements. «Cela peut paraître inesthétique pendant quelques jours, mais c’est généralement inoffensif – il est néanmoins important que les patient-es se manifestent. Je leur dis toujours qu’il vaut mieux appeler une fois de trop qu’une fois trop peu.»

Parfois, un séjour stationnaire est recommandé

Malgré toute la technologie médicale, il s’avère que la plupart des interventions ambulatoires sont pratiquées sur des personnes jeunes et en bonne santé, alors que les patient-es plus âgé-es sont hospitalisé-es en cas de doute. L’une des raisons sont les comorbidités qui augmentent avec l’âge. «Lorsqu’une personne souffre de plusieurs maladies, il est important qu’elle reste suffisamment longtemps en observation pour que nous puissions réagir rapidement en cas de besoin», explique Anja Fäh. 

Une personne vivant seule sera également mieux prise en charge en stationnaire. «Nous examinons toujours la situation des patient-es dans son ensemble et décidons d’un commun accord de l’option qui convient le mieux», précise la spécialiste.

L’infarctus: une menace invisible

L’infarctus du myocarde, provoqué par l’obstruction soudaine d’une artère coronaire, fait partie des maladies cardiaques les plus fréquentes. Les facteurs de risque sont l’obésité, l’hypertension, le tabagisme ou le manque d’activité physique pendant de nombreuses années.

Lorsqu’une ou plusieurs artères coronaires se bouchent, le sang n’irrigue plus convenablement le muscle cardiaque, mettant la vie de la personne en danger. Les symptômes varient en fonction de l’artère touchée entraînant, dans le pire des cas, un arrêt cardiaque. Agir rapidement est vital.

D’où l’importance de connaître les symptômes et de les interpréter correctement:

  • Une douleur aiguë derrière le sternum, une irradiation dans le bras gauche, l’épaule, la mâchoire inférieure ou la partie de l’abdomen supérieure
  • Une nervosité extrême ou la peur de mourir
  • Un teint gris pâle
  • Un sentiment de défaillance

Les gestes qui sauvent
Si vous suspectez un infarctus chez quelqu’un, alertez immédiatement les services de secours. Vérifiez l’état de conscience, la respiration et les signes vitaux de la personne. En cas d’arrêt circulatoire, commencez immédiatement la réanimation cardio-pulmonaire.

Si la personne est consciente, allongez-la doucement en surélevant le haut du corps, défaites les vêtements serrés et protégez-la des regards indiscrets. Surveillez sa respiration jusqu’à l’arrivée des secours.

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